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EPISTEME
versión impresa ISSN 0798-4324
EPISTEME vol.30 no.2 caracas dic. 2010
Creation et evolution créatrice
Catherine Chalier1
1 Paris-X-Nanterre.
«La vivacité de la vie», selon lexpression de Levinas, ne se laisse pas facilement contenir dans les limites raisonnables quon voudrait lui assigner pour sépargner dêtre inquiété par elle, voire pour jouir de cette tranquillité quon estime parfois avoir bien méritée. Elle sévertue dans le soi humain en lui imposant un éveil par linfini, ou par la transcendance, un éveil «toujours à la veille dun éveil nouveau». Elle ne lui laisse donc pas le loisir de prendre du repos, dans des certitudes ou dans des thèses, fussent-elles défendues avec âpreté. Or, dit-il encore, cette vivacité ne repose pas sur des présupposés théologiques, comme le montre lexemple de bien des philosophes qui en ont médité lexcellence, en même temps quils cherchaient à penser ce qui excède le savoir. Elle apparaît ainsi, sous diverses formes, «aux sommets des philosophies» les plus remarquables, dès Platon et Aristote, puis chez Descartes, Kant ou Hegel. Tel est encore le cas, précise-t-il alors, dans «le renouvellement de la durée chez Bergson».1
Or cette «vivacité de la vie» ne suit pas un programme préétabli qui, peu à peu, pas à pas, avec une sûreté propre, conduirait cette vie vers des «sommets» quelle ignore encore, mais elle ne livre pas pour autant à laléatoire et au hasard, voire aux approximations temporelles insignifiantes. Loin dêtre guidée par un modèle précis et éternel quelle sefforcerait datteindre, un modèle pensé par Dieu ou par un démiurge, cette vivacité impose de vivre une temporalité qui, pour se trouver, à chaque instant, empreinte dune inquiétude profonde, nest pas pour autant le substitut dune éternité absente, défaillante ou manquée. «Henri Bergson qui, pour la première fois dans lhistoire des idées, tente de penser le temps en dehors de cet échec de léternité, aura, en effet, désigné le destin de cette notion dans la philosophie comme celui dun devenir passant pour une privation de léternité», dit Levinas,2 à propos de la thématique si classique en philosophie de la subordination du temps à léternité.
Cest bien un trait par excellence des philosophies de Bergson et de Levinas de ne pas penser la temporalité qui caractérise «la vivacité de la vie» comme inférieure à léternité ou comme soumise à son critère dappréciation. Lévolution créatrice, pour le premier, la création, pour le second, reçoivent en effet leur force et leur sens de ne pas être subordonnées à une pensée de léternité. Mais, dès lors, comment les penser? Comment décrire leur émergence et leur signification? Linquiétude qui anime Bergson lorsquil décrit cette évolution et celle qui tenaille Levinas quand il parle de la création, du sentiment du caractère provisoire de toute chose quelle fait ressentir3 à ceux qui séveillent à sa réali- té, sont-elles comparables? Quel est lenjeu de lintroduction de ce vocabulaire relatif à la création dans des philosophies qui ne pensent pas le temps comme une dégradation de léternité?
Je tenterai de réfléchir à ce questionnement en suivant trois étapes:
- La dimension tragique présente dans ces philosophies en dépit de ce vocabulaire à première vue surtout dynamique et ouvert de la création.
- La nécessité de penser le temps comme passage, ou encore comme renouvellement, selon des modalités diverses dans lune et lautre pensées de la création.
- Lidée dirréversibilité et de promesse.
1. Le poids du tragique
Le mouvement de la vie, ou encore, comme le dit Bergson, «cette création continue dimprévisibles nouveautés» na jamais été franchement admis par la philosophie. Les anciens ont considéré le temps comme «un perturbateur de léternité», incapable de nous faire atteindre la perfection de lêtre, puisquau contraire, il ne cesse de nous en éloigner, voire de nous la faire oublier; et les modernes, surtout intéressés par la régularité des lois scientifiques aptes à faire comprendre les phénomènes, ont perçu le temporel comme «la forme confuse du rationnel».4 Insaisissable par lintelligence, ce mouvement de la vie impose pourtant de penser positivement le temps et den éprouver la nouveauté, intimement, fortement et avec joie, comme le dit Bergson. Ce mouvement incessant et créateur unit les contraires, il fait passer lunité au multiple, il est animé dun élan qui donne une allure particulière à lévolution qui croît et se complexifie, en dehors de nous et en nous, sans que nous puissions toutefois nous la représenter daprès les artifices de nos fabrications. La création est en effet, chez Bergson, limpératif même de la durée. Cela devrait nous rendre joyeux sil ny avait cette tragédie de lesprit qui «consiste en ceci que notre connaissance des objets nous en obstrue, pour ainsi dire, la compréhension intime et centrale».5 Sauf à limmobiliser et donc à le détruire, lintelligence, en effet, na pas de prise sur ce mouvement: la vie dans sa vivacité même lui échappe donc. «Lintelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie», soutient même Bergson en une proposition célèbre.6 Dès quelle cherche à sen approcher, lintelligence fige la vie, elle la spatialise, elle interrompt son mouvement créateur et elle se prend à considérer une matière. La belle et libre intelligence humaine procède par approximations, par séparations, par discontinuités, ses meilleurs concepts échouent à dire la vie en ce quelle a de nouveau et dimprévisible. «Elle rejette toute création», non par parti pris théologique ou philosophique, mais, plus gravement, par incapacité à la penser et à en dire le jaillissement continu. Pour le faire, il faudrait, dit Bergson, que lintelligence puisse «se tordre sur elle-même»7, quelle rompe avec les habitudes quelle a prises en considérant la matière, en lanalysant, en limmobilisant, en la divisant et en la dissociant de tout mouvement interne, ou en nen tenant aucun compte.
Le tragique serait donc que lintelligence humaine tourne naturellement le dos à la vie et à lélan créateur qui lanime. Les conquêtes de cette intelligence, pour remarquables quelles soient, se paient en effet, selon Bergson, du renoncement à une clairvoyance plus aigue: celle de linstinct et celle de lintuition. Lintelligence morcelle ou spatialise, pour mieux comprendre et dominer, elle fragmente et perd ainsi lunité vivante du réel, elle rêve, en ce sens, de rester dans limmobilité. Ce faisant, elle ne peut, en aucune façon, penser la durée créatrice.
Mais, sil en est ainsi, comment pressentir cette unité, cette simplicité et cette durée créatrice qui fait pourtant, selon Bergson, profondément, décisivement, lessence des choses? Comment la dire? On sait que, chez le philosophe, lintuition joue ici un rôle primordial. Il ne sagit pas, comme cest le cas dans bien des philosophies, de lintuition qui permet de contempler ce qui est, mais de lintuition active non pas donnée dans un acte unique mais dans une série indéfinie dactes - qui permet de se tenir au plus près du mouvement de la vie, en nous dabord. Une métaphysique fondée sur cette intuition la seule valable pour Bergson consiste dès lors en «un effort pour remonter la pente naturelle du travail de la pensée, pour se placer tout de suite, par une dilatation de lesprit, dans la chose quon étudie, enfin pour aller de la réalité aux concepts et non plus des concepts à la réalité».8 Or cela implique une grande tension ou encore un effort de chaque instant lintuition nest pas une illumination soudaine que ne précéderait aucun travail insistant car, précisément, cette pente, cest-à-dire, le fait doublier cet effort, de le méconnaître, voire de le mépriser, est naturelle. Le tragique, ici, serait que lintelligence, sous la pression de cette inclinaison naturelle, use darguments théoriques et spéculatifs pour justifier son consen- tement à descendre la pente, en croyant y échapper grâce à la stabilité des concepts quelle forge. Dès lors elle célébrerait la matière sans même pressentir lintuition de la vie et de son mouvement créateur. Cela veut-il dire que cette intuition soit rare et surnaturelle? Cela signifie-t-il quil soit quasi miraculeux de remonter la pente et de parvenir à se tenir en proximité de la vie?
La vie en effet est précisément une constante façon de «remonter la pente» - comme on le dit couramment après un échec, une maladie, voire un deuil et il lui est impossible de sen tenir à un état donné, sans aussitôt, commencer à décliner. La vie ne resterait pas vie sans cette grande tension. Une tension qui oblige les hommes et les sociétés à ne jamais se contenter de ce qui sem- ble acquis des connaissances, un statut, une morale, un état de fait et qui oblige la vie, partout où elle gagne, à chercher encore et toujours de nouvelles voies pour se frayer un chemin, malgré la matière qui réclame son dû. Naturellement en effet, tout y compris la vie tend à se dégrader, à se répéter de façon stérile ou à sappauvrir. Si ce principe dentropie est naturel, il prend une forme tragique quand la vie au lieu de le surmonter ne trouve plus dissue. Or, ce danger, insiste Bergson, guette lintelligence non nourrie par lintuition: ses abstractions risquent dêtre tragiques.
La durée créatrice nest pas tragique puisquelle ne se satisfait pas de la matière, elle fait apparaître une nouvelle réalité «à travers celle qui se défait».9 Elle affronte la désintégration, lentropie, la matière et la mort mais ne sy résigne jamais. Cependant, à léchelle de lindividu, de lindividu pensant et agissant, la fragilité dune telle victoire simpose: la tendance naturelle de lindividu à descendre la pente finit par prévaloir. Cela, non pas du fait de quelque péché particulier, mais de celui, inévitable, et tragique en ce sens, qui voue lélan même de la vie à se nourrir de la matière. Il est dès lors, comme indi- vidu, destiné à périr pour que dautres prennent sa place. Cependant, cette loi dentropie et cest ce qui importe pour linstant dans mon propos menace lindividu pensant au cur même de sa pensée: croyant dire la vie par son intelligence, il la manque dès lors quil accorde trop de crédit à ses idées, à ses thèmes et à ses thèses. Ainsi quand un philosophe se fie à ses concepts et considère que le savoir est la plus haute activité spirituelle, il manque la vie. Même sil lignore, même sil prétend le contraire, il a succombé à lattrait de la pente naturelle et cest lentropie qui a prévalu.
Que la vie, la vie différenciée, doive sarracher à son enlisement dans la matière, Levinas le pressent très tôt. Les sombres pages sur lil y a, dans De lExistence à lExistant, parlent en effet de lemprisonnement dans lentropie indifférenciée et angoissante quest, selon lui, lépreuve de lêtre pur. Sortir de cette emprise, afin de devenir un existant, exige des efforts constants, la fatigue guette et la tentation de retomber dans lil y a où lexistant sembourbe et disparaît dans lanonymat de lêtre, ressemble bien, comme chez Bergson, à une pente naturelle. Il faut sans cesse faire des efforts pour lui échapper, explique Levinas qui parle de «la durée de leffort»10, de «la tension de lef- fort» faite «délan et de fatigue», ou encore du «moment créateur de la force» dont le risque est toujours à prendre.11 La matière est en effet là qui menace de nous happer ou de prendre sa revanche sur notre effort pour en émerger. Or cette matière ne soppose pas à lesprit, comme le voudrait la philosophie classique, la matière, cest «lépais, le grossier, le massif, le misérable. Ce qui a de la consistance, du poids, de labsurde, brutale mais impassible présence (
) la matière est le fait même de lil y a»12. De ce «poids» de la matière, lesprit ne peut salléger, purement et simplement, il doit compter avec lui car ce poids ne cesse de tirer lexistant en arrière. A la façon dont Bergson décrit la vie « comme un effort pour relever le poids qui tombe » et reconnaît quelle ne réussit «quà en retarder la chute » tout en nous donnant «une idée de ce que fut lélévation du poids»13, Levinas parle de leffort et de la fatigue qui saisit celui qui tente de sextirper hors de lemprise de lil y a.
Pas davantage que Bergson, Levinas ne parle ici du néant. Il cite dailleurs explicitement le philosophe, à ce propos, en expliquant que lorsque, dans Lévolution créatrice, «Bergson montre que le concept de néant équivaut à lidée de lêtre biffé, il semble entrevoir une situation analogue à celle qui nous mène à la notion de lil y a»14. Il sen différencie toutefois parce que Bergson pense lêtre comme un étant - alors que lil y a ressemble au champ impersonnel, irréductible et tragique de lêtre, et non à un étant résiduel - mais sa certitude quil faut penser un effort incessant et créateur de formes différenciées (des existants), sans requérir ni une pensée du néant (qui est impossible) ni une pensée de léternité (qui est récusée) reste proche, me semble-t-il, de celle de Bergson. Levinas dit encore sassocier «aux critiques adressées depuis Berg- son à la confusion du temps abstrait et du temps concret»15. Le premier - le temps mécanique, celui que mesure, de façon imperturbable et stérile, le tic tac des horloges (image de Levinas) ou encore le sablier (image de Bergson) - ignore en effet ce qui anime, intimement, le second, à savoir la durée agissante et irréversible, mais la durée continuellement créatrice et surprenante. Or, quand, de façon bergsonienne là encore - malgré tous les démentis naturels et historiques - Levinas refuse que le tragique soit la fin des choses, cest vers une pensée du temps quil se tourne. En effet, si le temps mécanique voue inéluctablement au tragique, il nest pas pour autant le temps concret et cest celui-là quil nous faut penser et vivre. Ce temps concret, écrit Levinas, «loin de constituer le tragique, pourra peut-être en délivrer». Puis, chassant toute hésitation, il affirme même que «la durée (
) résout le tragique de lêtre»16. Je reviendrai sur ce point tout à lheure.
Je voudrais auparavant me demander, brièvement, si la forte tension entre intelligence et intuition, établie par Bergson, est recevable par Levinas. Que ce vocabulaire ne soit pas le sien ne doit pas dispenser dy réfléchir. En effet, lorsque Levinas explique, avec insistance, comment, malgré leur nécessité pour penser et pour connaître, pour identifier les phénomènes et pour élaborer des thèmes et des thèses, les concepts produits par lintelligence le Dit exposent au risque dune temporalité purement synchronique, mécanique, oublieuse de la diachronie, il semble bien partager, avec Bergson, lidée quen dépit de ses efforts pour le suivre, lintelligence retarde toujours sur le mouvement de la vie. Elle ne peut sen saisir à moins de le mortifier: lexcellence des concepts ne dit jamais «lanimation» de la vie par lautre que soi. Pas davantage que Bergson dailleurs, et fût-ce pour des raisons différentes, Levinas nestime que la connaissance constitue laccomplissement de lhumain ou sa perfection ul- time. Croire que lintelligibilité, la rationalité et le sens se trouvent dans le savoir, comme le soutient toute la philosophie classique, revient à passer outre la diachronie et à ignorer une signifiance qui précède le savoir.
Le «souffle» de lesprit (le prophétisme) qui, échappe à lobjectivation ou à la thématisation et qui, parfois, selon Levinas, interrompt la spéculation philosophique pour faire entendre un appel impératif à la responsabilité, nest pas, ce faisant, lintuition de Bergson. Levinas noppose en effet pas lintuition à lintelligence, sous prétexte de ne pas fixer le sens dans un Dit et de contrain- dre à le dédire, avec vivacité et sans tristesse. Ce nest pas non plus lélan de la vie créatrice, à travers les méandres dune longue évolution, quil cherche à faire prévaloir sur la rationalité et les concepts (le Dit), mais ce Dire, pensé selon le registre dynamique dun verbe qui fait entendre une «spiritualité où se passe linfini»17. Cependant, au cur de cette spiritualité, il confère une signification décisive au vocable «création» et cest ce point qui mérite attention au regard de la pensée de Bergson.
2. Le temps comme passage et renouvellement
Lévolution créatrice chasse le tragique parce quelle enseigne que rien nest jamais définitif. Mais cette évolution, comme on vient de le dire, exige aussi un effort constant qui, parfois, échoue. La matière semble alors lemporter sur la vie: lorsquon meurt évidemment, mais aussi, plus gravement sans doute, dès la vie, quand on se résigne au mécanisme et quand on enseigne le désespoir, quand on se repose dans des clichés, ou encore quand on préfère larrogance à la générosité, qui est, il faut le souligner le dernier mot de La pensée et le mouvant. Dans tous ces cas en effet, lélan vital senlise et se fige, irrémé diablement semble-t-il. Tous les niveaux de lexistence sont concernés par cela comme lanalyse encore Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion (1932) dans sa notoire opposition entre morale close et morale ouverte, ou encore entre religion et société statique, et religion et société dynamique. Mais quentendre exactement par le vocable «créatrice» dans lexpression «évolution créatrice»? Pourquoi le mot «création» se fait-il si insistant sous sa plume, com- me, fût-ce avec des accents différents, sous celle de Levinas, lorsquils pensent la concrétude du temps?
Ni Bergson ni Levinas ne sont des théologiens et leur méditation de la création se veut philosophique. Vladimir Jankélévitch remarque ainsi que «la création bergsonienne nest ni une création ex nihilo ni un arrangement mécanique déléments anciens, mais contradictoirement, une continuation no- vatrice ou une évolution créatrice, une immanence continuellement inventive, une improvisation toujours commençante parmi la plénitude innombrable des préexistences»18. Ce qui intéresse Bergson, cest de dire la vie qui grandit et sextraie peu à peu de la matière, non de spéculer sur lorigine du monde. Ce quil célèbre, ce sont les possibilités organiques qui se développent et se complexifient, sans, pour autant, quil sagisse de les penser à partir dune unité première doù elles proviendraient, peu à peu, tranquillement, richement, de façon déterminée et ordonnée, en suivant un plan. La croissance est certes continue, mais il y a aussi des changements brusques, des renouvellements qui contrarient répétition et cycle, en un mot, sil y a évolution créatrice, cest parce quil y a nouveauté.
La nouveauté ne se fait jamais à partir dun néant de déterminations, mais la vie, selon Bergson, trouve ou introduit des poches de contingence qui lui permettent de se libérer. Ce nest donc pas lidée dun «fiat» initial et divin qui suscite lattention du philosophe lorsquil parle de création mais bien lidée de création continuée. Il ne se demande pas pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, il «cherche à saisir dans la durée vivante la perpétuelle origine des choses»19. Lévolution est créatrice non pas parce quelle suppose un commencement absolu (de toute façon nous ne pourrions pas le penser) mais parce quelle continue de faire apparaître la nouveauté. Ce qui, soit dit en passant, pour un philosophe, ne signifie pas le «dernier cri», mais bien larticulation dune parole neuve et forte, et dautant plus neuve et forte quelle ne vient pas du néant, mais de la méditation renouvelée des paroles des anciens. «Quand nous replaçons notre être dans notre vouloir, et notre vouloir lui-même dans limpulsion quil prolonge, nous comprenons, nous sentons que la réalité est une croissance perpétuelle, une création qui se poursuit sans fin». Les hommes et leurs uvres en effet ne sont pas ce courant vital lui-même, comme il leur arrive parfois de le croire avec présomption naïve, lorsquils simaginent que tout commence avec eux, mais ils sont «ce courant déjà chargé de matière»20.
Levinas, de son côté, pense la création en son lien avec le sentiment de la fragilité du monde21: moins sensible que Bergson à lidée dévolution ou de continuité créatrice, peu enclin à méditer le jaillissement créateur dans le monde cosmique ou naturel, végétal ou animal, puis humain, à la manière de son prédécesseur, il réfléchit dabord et surtout à ce que lidée de création signifie pour lhomme. Etre crée, dit-il, cest être séparé de son Créateur et voué à une multiplicité rebelle à toute totalisation. Cependant, loin de penser la séparation et la multiplicité de façon négative, comme le font les philosophies et les spiritualités nostalgiques de léternité et de lUnité perdue, Levinas considère quelles ouvrent une «aventure» positive «absolument nouvelle par rapport à la béatitude de lUn»22.
En proximité de Bergson en effet, Levinas met laccent sur la nouveauté, limprévisibilité et la surprise qui découlent de cette pensée de la création. Le temps lui-même est une créature et non une pâle image de léternité et, à ce titre, si lon en croit la Bible qui qualifie de bonne la création, une réalité positive dont il ne faut pas rêver de sarracher sous prétexte datteindre plus vite léternité. Le temps ne conduit pas seulement chacun vers sa fin inévitable, il est fécondité et étonnement, recommencement et pardon: «ce recommencement de linstant, ce triomphe du temps de la fécondité sur le devenir de lêtre mortel et vieillissant, est un pardon, luvre même du temps»23. Penser la temporalité du nouveau cest aussi penser que le renouvellement des générations (toldot), constitue la trame dun devenir mais dun devenir discontinu.
La fécondité (pas exclusivement biologique) fait passer au temps des autres, à un temps nouveau et, à ce titre, elle constitue une victoire sur lesseulement que le philosophe considère donc comme un pardon. «Le temps ajoute du nouveau à lêtre, de labsolument nouveau», tel est son pardon24.
Levinas estime que Bergson, malgré sa pensée positive du temps un temps qui cesse, grâce à lui, dêtre décrit, avec amertume, comme une déchéance de léternité a méconnu cet aspect du temps créateur. Il écrit en effet: «La philosophie traditionnelle Bergson et Heidegger y compris demeurait dans la conception dun temps, soit purement extérieur au sujet, dun temps objet, soit entièrement contenu dans le sujet. Mais il était toujours question dun sujet seul. Le moi tout seul la monade avait déjà un temps (
) La philosophie classique passait à côté de la liberté qui ne consiste pas à se nier, mais à se faire pardonner son être, par laltérité même dautrui»25. Dès lors, même lanticipation de lavenir, accréditée par Bergson, comme lessentiel du temps, nest que « le présent de lavenir et non pas lavenir authentique ; lavenir cest ce qui nest pas saisi, ce qui tombe sur nous et sempare de nous. Lavenir cest lautre», écrit-il encore.26 Laltérité, pour Levinas, donne en effet seule sa signification profonde au temps et à son renouvellement, jusquà permettre de considérer le passé autrement, jusquà le «réparer» et en «pardonner», non tant les fautes, mais le caractère irrémissible. Le passage au temps de lautre éros, la fécondité entame à vif la continuité et la solitude dune vie, il introduit discontinuité et multiplicité comme paramètres indispensables pour penser le temps. Cest ainsi seulement que se dessine, pour le philosophe, une ouverture vers cette diachronie irréductible à toute synchronie qui tient en échec les tentatives de réduire le temps à sa saisie par une conscience qui se souvient, qui perçoit, ou encore, qui anticipe. La certitude bergsonienne que la mort est «la caractéristique de la matière, de lintelligence et de laction»27, et non de la durée créatrice elle-même, en porterait le pressentiment, mais il faudrait attendre ses réflexions tardives sur le saint et le héros pour que, pour lui aussi, «la durée devienne (enfin) le fait quun homme peut lancer un appel à lintériorité de lautre homme»28. Dans Totalité et Infini, Levinas ne décrit dailleurs pas ce mouvement comme une durée créatrice mais comme une «résurrection».
Pour penser ainsi la création, Levinas nhésite pas à introduire les vocable de «transcendance» et de «néant» que Bergson évite lorsquil décrit la durée créatrice. Sans élaborer de spéculation théologique à ce sujet, Levinas parle en effet de «la parenté des êtres entre eux, mais aussi (de) leur hétérogénéité radicale, (de) leur extériorité réciproque, à partir du néant» et il associe la création ex nihilo à «une anarchie essentielle à la multiplicité»29. La séparation visà-vis du Créateur, cest-à-dire la possibilité de vivre heureux, dans lathéisme et dans le sentiment de sa suffisance propre, «laisse à la créature une trace de dépendance, mais dune dépendance sans pareille: lêtre dépendant tire de cette dépendance exceptionnelle, de cette relation, son indépendance même, son extériorité au système»30.
Cette trace de dépendance ne séprouve en effet pas dans le sentiment du péril de perdre le lien à Celui qui donne lêtre, ou de voir ce lien saltérer dune façon tragique, jusquà sa confusion possible avec le désastre de lil y a. Levinas insiste trop sur la nécessité (ou sur lépreuve) de penser la séparation, la discontinuité et, ainsi, lathéisme, de façon positive pour décrire la dépendance comme un lien intimidant de subordination ontologique. Le Dieu qui descend à lesprit des créatures humaines, dans sa philosophie, ne leur vient dailleurs pas tant à lidée dans leurs moments de détresse, quand elles auraient besoin de lui, quaux instants où elles se découvrent responsables dautrui. Cette trace de dépendance ne signifie pas une continuité ontologique entre Dieu et les créatures, avec une déperdition dêtre du premier aux secondes, elle signifie par contre que le «bien» oblige les créatures sans quelles laient choisi. La condition de créature (Levinas dit «créaturialité») impose la découverte dune responsabilité pour lautre que soi, dune responsabilité quil ne sagit pas de se représenter puis dassumer (ou pas), en fonction de ses désirs. Cette responsabilité oblige à penser une passivité: je suis responsable, sans lavoir choisi. Levinas conclut alors: «la création est le fait que lintelligibilité mest antérieure (
). Ce nest pas là une thèse théologique: nous arrivons à lidée de création en partant de lexpérience du visage»31.
Je ne peux ici approfondir ce point car cela mécarterait de la mise en perspective entre Bergson et Levinas qui est lobjet de la présente réflexion. Je voudrais donc, sur la base de cette analyse et pour conclure, réfléchir à lidée dirréversibilité et à celle de promesse.
3. Lirréversibilité et la promesse.
La vivacité de la vie, dans sa simplicité et son unicité, recèle, selon Berg- son, dinnombrables promesses de multiplicité et de complication. Ces promesses sépanouissent en «gerbe», selon une image qui lui est favorite, mais elles déclinent aussi irréversiblement et périssent. La durée est irréversible même si nous pouvons compter sur les promesses créatrices de la vie. Parfois, note Bergson, soucieux de pas donner des gages à un finalisme étroit et facile, la vie sest dailleurs engagée dans de mauvaises voies et ses promes- ses ne furent pas tenues. Elle a pris au hasard certaines directions là où la matière cédait à sa force sans trop résister et ces directions se sont avérées sans lendemain. Seule la voie qui a conduit aux mammifères et à lhomme est restée ouverte. Pourquoi? Parce que, suggère Bergson, cest cette voie qui a permis, et permet encore, à la force à luvre dans la création, de donner tout ce quelle a, mais aussi et surtout tout ce quelle na pas. Mais dès lors, comment qualifier cette force étonnante qui promet de donner ce quelle na pas? Bergson le précise en demandant: «par où la force spirituelle, si elle existe, se distinguerait-elle des autres, sinon par la faculté de tirer delle-même plus quelle ne contient»32. Telle est la promesse qui contrecarre le verdict fatal qui pèse sur lirréversibilité du devenir de chaque vivant. Cest une promesse en effet car la multiplicité qui apparaît (des vivants de toutes sortes, des vivants de plus en plus complexes) ne résulte pas dun pur et simple passage de la puissance à lacte, elle nest pas préfigurée ou préconçue dans cette force spirituelle. Davantage, ce «plus» qui se met à exister sous la pression et par la grâce de cette force, le fait de façon propre, sans avoir nécessairement la conscience quil participe à une diffusivité dont il nest pas la source.
Si elle a dindéniables accents plotiniens, cette définition de la force spirituelle tirer de soi plus quon a permet aussi de décrire ce qui est à luvre quand un homme se met à créer, cest-à-dire, très précisément, à tirer de soi, de son dénuement, plus quil na. Il doit, pour cela, résister à la matière, opposer sa liberté à lirréversibilité de sa durée propre, à sa fatigue et au principe dentropie, ce qui na rien dune tâche aisée. Cest cependant lunique façon, pour chaque créateur, de découvrir, en soi, ce «plus» que le «moins» contient, ou encore, la promesse que ce créateur est à lui-même. La matière «est lobstacle, linstrument et le stimulant» mais lesprit qui la vainc participe toujours à lélan créateur de la vie. Chaque personne qui, dune façon ou dune autre, parvient à faire émerger de soi ce dont elle ignorait, ou doutait, être capable, en éprouve de «la joie» constate Bergson en prenant soin de distinguer cette joie du plaisir. Telle est, dit-il, la joie dune mère devant son enfant, la joie de celui qui réussit une entreprise, la joie de lartiste ou encore celle du savant, mais «créateur par excellence est celui dont laction, intense elle-même, est capable dintensifier aussi laction des autres hommes, et dallumer, généreuse, des foyers de générosité»33. On voit que, dans tous ces exemples, Bergson ne prend pas le mot «création» dans un sens absolu, si création il y a si le plus résulte du moins cest parce que ce moins est dores et déjà habité, traversé ou encore animé, par lesprit qui, en lui, en ce moment de la durée, prend la forme de cette mère, de cet artiste ou encore de ces personnes qui, par leur action généreuse, sans se donner en modèle et sans attendre une reconnaissance, suscitent chez autrui le désir de la générosité.
Levinas nignore rien de cette pensée du «plus dans le moins» et, très tôt, il en médite lenvergure sous le nom de linfini, mais, différemment de Bergson, il lassocie surtout à la transcendance et à laltérité, à la séparation aussi. Accueillir ce «plus» dans le «moins» que nous sommes se trouve donc dabord décrit comme le fait, pour un psychisme humain, de se découvrir capable de recevoir autrui au-delà de ses capacités propres. La découverte, en soi, de ressources, à première vue inconnues de soi, pour répondre à autrui, pour laccueillir, pour être enseigné par lui, est la première expression humaine de ce «plus» dans le «moins». Or Levinas ne cherche pas, contrairement à Bergson, à situer cette générosité dans la ligne dune durée créatrice qui commencerait bien avant lhomme et qui trouverait dans lélan vital sa vérité profonde. Lexception de lhumain dans lêtre que constitue, selon lui, cette générosité ce quil appelle, dans Autrement quêtre, ce désintéressement, mais aussi cette obsession ou ce «grain de folie»34, lexige semble-t-il. A moins quil faille considérer que sa philosophie commence précisément là où Bergson conclut, lorsquil décrit comment lénergie qui anime la durée créatrice sac- complit dans lapparition dêtres vivants, «distincts de Dieu, qui est cette éner- gie même» et capables daimer35, sans attendre de réciprocité ou escompter de récompense, comme le font le saint ou le mystique.
Cest sous légide de Descartes - mais en citant également Platon et Aristote que Levinas introduit linfini penser plus quon ne peut penser - au cur de sa philosophie36. Mais très vite, il infléchit le sens purement spéculatif que cette pensée pourrait facilement prendre auprès des philosophes en lassociant à celle de «bonté» et de «don»37. Telle est bien la promesse qui tient en échec lirréversibilité de toute chose vouée à la mort: cette façon humaine et seulement humaine de donner à autrui, de se découvrir des ressources pour lui, pour vêtir sa nudité et pour nourrir sa faim, malgré la mort toujours inévitable. Promesse décrite aussi par Levinas comme une «façon de ne pas être à la mort» et dont il dit trouver un précédent chez Bergson. Il cite en effet le passage de Lévolution créatrice dans lequel celui-ci évoque «tous les vivants (qui) se tiennent, et (qui) tous cèdent à la même formidable poussée ». Or cette poussée, conclut Bergson, est «capable de culbuter toutes les résistances et de franchir bien des obstacles, même peut-être la mort». Levinas commente alors ce passage en disant: « lhumain est une façon de ne pas être-à-la-mort»38, ou encore dêtre pour un temps par delà ma mort propre.
Cependant, dans Autrement quêtre, la description du psychisme inspiré par linfini par ce «plus dans le moins» revêt une tonalité qui, me semble-t-il, séloigne beaucoup de Bergson puisque le «plus dans le moins» se noue à lidée que, «plus je suis juste plus je suis coupable»39, ou encore, à la pensée que plus le soi témoigne de sa responsabilité pour autrui, plus il en éprouve lurgence encore là40. La tonalité dynamique et joyeuse des pages de Bergson déjà évo- quées ne se trouve pas dans ce livre de Levinas où linquiétude prévaut. Cela ne signifie ni que Bergson esquive linquiétude et le scrupule dêtre face à la souffrance dautrui, ni que Levinas méconnaît la joie et le dynamisme. Mais il semble que le regard quils portent lun et lautre sur le mal diffère: le premier y voit lassoupissement de lélan vital et, en même temps, son stimulant puisque, sans la matière, lesprit resterait impuissant à créer de nouvelles formes. Ce qui vient au monde, grâce à la force spirituelle, résulte donc dun défi opposé à la matière et dune victoire sur sa pesanteur tenace et âpre jusque dans son psychisme propre. A temps, mais trop souvent aussi à contre temps, lhistoire hu maine serait dailleurs concernée par ces victoires et, ultimement, par lamour, enseigne Bergson41. «La souffrance est une terrible réalité» et cest «un opti- misme insoutenable» de définir le mal comme «un moindre bien» mais, insiste- t-il, il y a un «optimisme empirique» car, dans lensemble les hommes jugent la vie bonne et il existe une joie sans mélange «qui est létat dâme définitif du mystique»42. Levinas me paraît, sur ce point, habité par une douleur plus tenace, par une inquiétude toujours à vif qui ne lautorise pas à consentir à cet «optimisme empirique» et, encore moins, à la joie «définitive» du mystique. Le psychisme humain, le psychisme prophétique décrit dans Autrement quêtre, ne connaît ni repos essentiel ni joie définitive. Sa passion ressemble à celle du serviteur persécuté évoqué par Isaïe (53, 4), et cette passion nautorise pas de se reposer dans lêtre ou de se laisser aller à lindifférence.
Malgré son optimisme empirique et son éloge de la joie, Bergson sentit monter le péril de la Catastrophe qui allait sabattre sur les juifs, et, bien quattiré par le christianisme, il resta jusquà sa mort proche de son peuple persécuté. Levinas lui rendit dailleurs un très profond hommage43, mais il dut, quant à lui, traverser ce chaos plein de ténèbres. Son uvre sen trouve, confie-t-il, toute entière marquée et un pessimisme empirique sensuit qui, sans bannir la joie et lespoir, les rend lun et lautre plus fragiles et plus exigeants. La «joyeuse force qui va»44 nest pas de mise car ses méfaits sont terribles. Le visage du prochain la met dailleurs en question et il convient de lui répondre. Cependant une autre joie apparaît encore que Levinas, après la Choa, préfère nommer «résurrection»45. Cette joie là surprend le soi humain aux instants où il découvre quil appartient lui-même «à la signification de linfini» ou encore à sa «gloire». Elle ne sajuste pas à une attente, elle fait découvrir que, malgré sa douleur, lun peut donner à lautre ce quil ne peut se donner à lui-même. La promesse de linfini, le plus dans le moins, linspiration y trouvent leur plus haute signification.
Notas
1. Levinas, E., Entre nous, Paris, Grasset, 1991, p. 105.
2. Idem, p. 159.
3. Voir «Lactualité de Maïmonide» in Revue Paix et Droit, 1935, repris dans Le Ca- hier de lHerne sur Levinas, 1991 et 2006, p. 142.
4. Bergson, H., La pensée et le mouvant, Paris, PUF, 1934, 1962, p. 115.
5. Jankélévitch, V., Henri Bergson, Paris, PUF, 1959, Quadridge, 1989, p. 141.
6. Bergson, H., LEvolution créatrice, Paris, PUF, 1941, Quadridge, 1998, p. 166. Sou- ligné par lauteur.
7. Ibid., pp. 162 et 164.
8. Bergson, La pensée et le mouvant..., cit., p. 206.
9. Bergson, Lévolution créatrice..., cit., p. 248.
10. Voir De lExistence à lExistant, Paris, Fontaine, 1947, p. 48.
11. Ibid., p. 44. Bergson est dailleurs mentionné à propos de la durée pure, p. 46.
12. Ibid., p. 92-93
13. Bergson, LEvolution créatrice..., cit., p. 247.
14. Levinas, De lExistence à lExistant..., cit., p. 103.
15. Ibid., p. 129.
16. Ibid., p.134 et p. 147.
17. Levinas, E., Autrement quêtre ou au-delà de lessence, La Haye, Martinus Nijhoff, Edition de poche, 1974, p. 256. Et p. 114 pour le mot «animation».
18. Ibid., p. 215.
19. Lévy-Valensi, E.A., Les Niveaux de lêtre, La connaissance et le mal, Paris, PUF, 1962, p.342.
20. Bergson, Lévolution... cit., p. 240.
21. Voir larticle sur Maïmonide, cité en note 3.
22. Levinas, E., Totalité et Infini, Martinus Nijhoff, La Haye, Livre de poche, 1961, p. 325.
23. Ibid., p. 315.
24. Ibid., p. 316. (je souligne).
25. Levinas, De lExistence à lExistant...., cit., pp. 160-161.
26. Levinas, E., Le temps et lautre, Montpellier, Fata Morgana, 1979, 1948 p. 64.
27. Levinas, E., Dieu, la mort et le temps, Paris, Biblio Essais, 1995, p. 65.
28. Ibid., p. 66 (jajoute enfin).
29. Levinas, Totalité et Infini...., cit., p. 326.
30. Ibid., p. 108.
31. Levinas, E., Liberté et commandement, Montpellier, Fata Morgana, 1994, 1953, p. 45.
32. Bergdon, H., Lénergie spirituelle, Paris, PUF, Quadridge, 1999, 1919, p. 21.
33. Ibid., p. 23 et p. 25.
34. Levinas, Autrement quêtre ..., cit., p. 222.
35. Bergson, H., Les deux sources de la morale et de la religion, Paris, PUF, Quadrige, 1995, 1932, p. 273.
36. Voir Totalité et Infini, p. 40-41, 46-47, Voir, pour lidée de laccueil dautrui, p. 43.
37. Ibid., p. 42.
38. Levinas, E., Dieu, la mort et le temps, p. 65-66. Citation de Lévolution créatrice, p. 271 (souligné par Levinas).
39. Levinas, Autrement quêtre ou ..., cit., p. 178.
40. Ibid., p. 226-227.
41. Bergson, Les deux sources..., cit., p. 273-274.
42. Ibid., p. 277.
43. «Hommage à Bergson».
44. Levinas, E., Difficile Liberté, Paris, Albin Michel, édition de 1976, p. 377. Allusion à Hernani de Victor Hugo (vers 993): «Je suis une force qui va!».
45. Levinas, Totalité et Infini..., cit., p. 50.
Referencias bibliográficas
1. Levinas, E., Entre nous, Paris, Grasset, 1991, p. 105.
2. Voir «Lactualité de Maïmonide» in Revue Paix et Droit, 1935, repris dans Le Ca- hier de lHerne sur Levinas, 1991 et 2006, p. 142.
3. Bergson, H., La pensée et le mouvant, Paris, PUF, 1934, 1962, p. 115.
4. Jankélévitch, V., Henri Bergson, Paris, PUF, 1959, Quadridge, 1989, p. 141.
5. Bergson, H., LEvolution créatrice, Paris, PUF, 1941, Quadridge, 1998, p. 166. Sou- ligné par lauteur
6. Voir De lExistence à lExistant, Paris, Fontaine, 1947, p. 48.
7. Levinas, E., Autrement quêtre ou au-delà de lessence, La Haye, Martinus Nijhoff, Edition de poche, 1974, p. 256. Et p. 114 pour le mot «animation».
8. Lévy-Valensi, E.A., Les Niveaux de lêtre, La connaissance et le mal, Paris, PUF, 1962, p.342.
9. Levinas, E., Totalité et Infini, Martinus Nijhoff, La Haye, Livre de poche, 1961, p. 325.
10. Levinas, E., Le temps et lautre, Montpellier, Fata Morgana, 1979, 1948 p. 64.
11. Levinas, E., Dieu, la mort et le temps, Paris, Biblio Essais, 1995, p. 65.
12. Levinas, E., Liberté et commandement, Montpellier, Fata Morgana, 1994, 1953, p. 45.
13. Bergdon, H., Lénergie spirituelle, Paris, PUF, Quadridge, 1999, 1919, p. 21.
14. Bergson, H., Les deux sources de la morale et de la religion, Paris, PUF, Quadrige, 1995, 1932, p. 273.
15. Voir Totalité et Infini, p. 40-41, 46-47, Voir, pour lidée de laccueil dautrui, p. 43.
16. Levinas, E., Dieu, la mort et le temps, p. 65-66. Citation de Lévolution créatrice, p. 271 (souligné par Levinas).
17. Levinas, E., Difficile Liberté, Paris, Albin Michel, édition de 1976, p. 377. Allusion à Hernani de Victor Hugo (vers 993): «Je suis une force qui va!».